21 avril 2011

La vieillesse vue par Philippe Noiret.

Il me semble
qu'ils fabriquent des escaliers plus durs
qu'autrefois. Les marches sont plus hautes, il y en a
davantage.

En tout cas, il est plus
difficile de monter deux marches à la fois.
Aujourd'hui, je ne peux en prendre qu'une seule.
A noter aussi les petits caractères d'imprimerie
qu'ils utilisent maintenant.

Les journaux s'éloignent
de plus en plus de moi quand je les lis: je dois loucher
pour y parvenir.

L'autre jour, il m'a
presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire
les chiffres inscrits sur les fentes à sous.

Il est ridicule de suggérer qu'une personne de mon
âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour
moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à
haute voix - ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours
les gens parlent si bas que je ne les entends pas très
bien.

Tout est plus éloigné.
La distance de ma maison à
la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je
n'avais jamais remarquée avant.

En outre, les trains partent plus tôt.
J'ai perdu l'habitude
de courir pour les attraper, étant donné qu'ils
démarrent un peu plus tôt quand j'arrive.

Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les
costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir,
surtout à la taille.

Leurs lacets de chaussures
aussi sont plus difficiles à atteindre.

Le temps même
change.

Il fait froid l'hiver,
les étés sont plus chauds.

Je voyagerais, si cela
n'était pas aussi loin.

La neige est plus lourde
quand j'essaie de la déblayer.

Les courants d'air sont
plus forts.
Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les
fenêtres aujourd'hui.
Les gens sont plus jeunes qu'ils n'étaient quand
j'avais leur âge.

Je suis allé récemment à une réunion d'anciens de
mon université, et j'ai été choqué de voir quels
bébés ils admettent comme étudiants.

Il faut reconnaître
qu'ils ont l'air plus poli que nous ne l'étions;
plusieurs d'entre eux m'ont appelé « monsieur »;
il y en a un qui s'est offert à m'aider
pour traverser la rue.

Phénomène parallèle :
les gens de mon âge sont plus vieux que moi.

Je me rends bien compte que ma génération approche de ce
que l'on est convenu d'appeler un certain âge, mais
est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent
en trébuchant dans un état de sénilité avancée?

Au bar de l'université,
ce soir-là, j'ai rencontré un camarade.

Il avait tellement changé
qu'il ne m'a pas reconnu ...


Merci, Francine!

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