"J'accuse la société de reléguer ses mères, ses pères aux oubliettes" : la plaidoirie d'Alma Adilon-Lonardoni, élève du Lycée Champagnat à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), a convaincu le jury du Concours des lycéens pour la défense des Droits de l'Homme. C'est l'ancien footballeur Lilian Thuram, président de la Fondation "Education contre le racisme" qui présidait cette 15e édition de l'évènement réunissant des lycéens de la France entière, des DOM et des établissements français à l’étranger au Mémorial de Caen.
Invitée par sa professeur d'histoire-géo, Nathalie Chardon, à participer au concours dans le cadre de l'éducation civique, Alma a choisi de se tourner vers les personne âgées, pour qui elle a « toujours eu beaucoup d'admiration ». Comment s'est imposé le dossier des maisons de retraite?
Malade d'Alzheimer, une femme proche de la lycéenne, a dû être placée en maison de retraite. Sa fille a alors visité de nombreux établissements, certains dans un état et d'une qualité d'accueil déplorables et en a fait le récit à Alma. « C'est une partie de son témoignage que je reprends au début de ma plaidoirie », explique l'élève de Terminale littéraire. « Pour recouper son propos, j'ai aussi passé du temps sur les forums et les blogs consacrés au sujet », précise-t-elle.
"Je pense qu’il est choquant et même injustifiable que ces individus dits 'personnes âgées' soient entassés à trois dans des chambres froides et étroites. Je pense qu’il est anormal que l’État, hypocrite, limite bien souvent le personnel à une aide-soignante pour 80 pensionnaires. Je pense qu’il est indigne de notre société d’avoir à ce point honte de ses vieux, devenus inutiles, qu’elle les cloître autoritairement", scande la jeune fille dans sa plaidoirie, en prenant soin de nuancer le propos ("Ce que je dénonce ne s'applique pas à tous les établissements").
À l'appui, Alma Adilon-Lonardoni invoque l'égalité en dignité et l'esprit de fraternité inscrits dans l'article premier de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et l'article 5 qui stipule que "nul ne sera soumis à (…) des traitements cruels, inhumains ou dégradants".
C'est aussi la vision de la vieillesse que remet en cause la lycéenne : perçue par tous comme une "échéance cruelle et insurmontable et une épreuve douloureuse" et non plus comme une "étape naturelle" de la vie de l'homme.
Contre les établissements "mouroirs" et les vaines promesses politiques d'un dispositif de financement de la prise en charge de la perte d'autonomie, Alma demande une "hausse réelle du personnelle dans les établissements que bien-être et traitements respectueux ne soient plus des services qui se monnayent mais soient accessibles à tous". En somme "la dignité".
Attirée un temps par les études de psychologie, Alma avoue que la participation au concours a renforcé son attrait pour le droit. Aujourd'hui en balance avec la fac de Lettres. À côté du lycée, la jeune fille poursuit un projet auquel elle songe depuis longtemps : trouver une maison de retraite où faire du bénévolat.
Vous avez dix minutes? Alors, prenez-les pour écouter cette lycéenne. Elle vient de remporter le concours de plaidoirie organisé par le Mémorial de Caen. Elle a choisi pour thème le bout du bout de la vie, celui que nous redoutons tous, et elle l’a transcendé.
La gagnante, Alma Adilon-Lonardoni, mérite notre Wik id'Or du plaidoyer ! Un souffle exceptionnel, une patate d'enfer, une remarquable justesse dans les mots, de la percussion, Alma nous livre un plaidoyer de toute beauté que nous mettons en ligne avec immense plaisir. ça fait du bien.
Bravo !
"Ne sommes-nous plus humains quand nous vieillissons ?"
Il fait si bon vieillir... par MEMORIALCAEN
Source: Notre-temps.com via WikiStrike
Merci Lolo
Et pour illustrer les propos d'Alma Adilon-Lonardoni, à visionner le clip d'ARNOVO "Quand on sera vieux" sur son site internet : http://www.arnovo.fr/videos.htm
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