10 août 2012

Évangéline: la fille à Elly, à Aldéric, à Aimée, à Minic

                                           


Dis bien haut, ma mère, la beauté et les fois où ta mémoire vient se fracasser sur le rocher des âges.

« Je suis Évangéline à Elly, à Aldéric, à Aimée, à Minic. Je suis une immigrée. Oui, je suis née au Cap en face de chez Azade à Ilda, à Marie, à Vilbon. J'ai émigré au Havre-Aubert au ras de chez Cyril à Marie-Louise.
 
De bonne heure le matin ma mère me huchait :
— Envoin la baîlle et pars le butin sur la ligne.


Puis quand y avait apparence de vent d'ouesse, y fallait tout dépende le butin.
— Tu furbiras aussi le poêle avec la mine de plomb et les ustensiles avec d'la terre blanche et d'la cendre. Balie la place, lave les plats et envoin la baratte et le babeure. Pis va charrier l'eau à la beurroir et charpis la devesure.


Tous les printemps y fallait balier le raclôt avec le balai de varnes parce que ma mère
disait que les gens d'en dehors allaient atterrir. De son bord, elle brassait des torteaux, des doux et des pas doux qu'elle nichait dans une terrine de faïence. Mon père, lui, y cachait son flocon de chien dans le sailboard. Pis y avait tout un tintamarre dans le tambour. 


— Tu vas en manger toute une gratte si te souque ! disait-il au premier qu'il rencontrait.

Ma grand-mère, elle, savait toutes les maladies. Avec son flocon de tamzi, elle faisait le canton. Et quand c'était des cas de difficulté, mon père allait mener le docteur dans sa box, pis quand y faisait un stamp, y perdait les balises.

Le soir, ma mère me huchait encore.
— Fais des faillôts, des beurredouilles et des confitures aux moconques pour toute la ramée.
Enfin pour nous reposer, assis sur la boîte à bois avec notre cavalier, on brochait des caleçons et des mitaines de cage avec la devesure qu'on avait écardée.
»



La maison de mes grands-parents, à Havre-Aubert, Iles de la Madeleine

PETIT LEXIQUE (approximatif) recueillis de maman dans l'année 2000

raclôt -
un pré humide à proximité de la maison
me huchait - m'interpellait
envoin la baîlle - préparer la cuve (demi-baril de bois)
butin sur la ligne - la lessive sur la corde
dépende le butin -
rentrer la lessive
furbiras -
nettoyer et polir
charpis la devesure - écarder la vieille laine
balai de varnes - balai fabriqué à l'aide de petites branches
torteaux - grosses galettes faites de farine blanche et de mélasse
flocon de chien - flacon de boisson (résidu de bière de riz)
sailboard - vaisselier
une gratte - une taloche
si je te souque - si je t'attrape
tamzi -
remède à base d'herbages, tisane
box -
petite carriole (horse-box)
stamp - tempête (de neige)
y perdait les balises - il ne voyait plus son chemin
faillôts – fèves au lard
beurredouilles - pâtes cuites dans la mélasse
pour toute la ramée -
pour toute la famille
brochait -
tricotait



***

1945:   Des sous-marins allemands rôdaient encore dans le Golfe St-Laurent
Maman et moi avions fait le voyage de Québec sur le North Gaspé
 
À deux ans, lors de mon premier voyage aux Iles avec maman. 
En haut, à droite, avec oncle André.




06 mars 2012

Il fait si bon vieillir



"J'accuse la société de reléguer ses mères, ses pères aux oubliettes" : la plaidoirie d'Alma Adilon-Lonardoni, élève du Lycée Champagnat à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), a convaincu le jury du Concours des lycéens pour la défense des Droits de l'Homme. C'est l'ancien footballeur Lilian Thuram, président de la Fondation "Education contre le racisme" qui présidait cette 15e édition de l'évènement réunissant des lycéens de la France entière, des DOM et des établissements français à l’étranger au Mémorial de Caen.

Invitée par sa professeur d'histoire-géo, Nathalie Chardon, à participer au concours dans le cadre de l'éducation civique, Alma a choisi de se tourner vers les personne âgées, pour qui elle a « toujours eu beaucoup d'admiration ». Comment s'est imposé le dossier des maisons de retraite?

Malade d'Alzheimer, une femme proche de la lycéenne, a dû être placée en maison de retraite. Sa fille a alors visité de nombreux établissements, certains dans un état et d'une qualité d'accueil déplorables et en a fait le récit à Alma. « C'est une partie de son témoignage que je reprends au début de ma plaidoirie », explique l'élève de Terminale littéraire. « Pour recouper son propos, j'ai aussi passé du temps sur les forums et les blogs consacrés au sujet », précise-t-elle.

"Je pense qu’il est choquant et même injustifiable que ces individus dits 'personnes âgées' soient entassés à trois dans des chambres froides et étroites. Je pense qu’il est anormal que l’État, hypocrite, limite bien souvent le personnel à une aide-soignante pour 80 pensionnaires. Je pense qu’il est indigne de notre société d’avoir à ce point honte de ses vieux, devenus inutiles, qu’elle les cloître autoritairement", scande la jeune fille dans sa plaidoirie, en prenant soin de nuancer le propos ("Ce que je dénonce ne s'applique pas à tous les établissements").

À l'appui, Alma Adilon-Lonardoni invoque l'égalité en dignité et l'esprit de fraternité inscrits dans l'article premier de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et l'article 5 qui stipule que "nul ne sera soumis à (…) des traitements cruels, inhumains ou dégradants".

C'est aussi la vision de la vieillesse que remet en cause la lycéenne : perçue par tous comme une "échéance cruelle et insurmontable et une épreuve douloureuse" et non plus comme une "étape naturelle" de la vie de l'homme.

Contre les établissements "mouroirs" et les vaines promesses politiques d'un dispositif de financement de la prise en charge de la perte d'autonomie, Alma demande une "hausse réelle du personnelle dans les établissements que bien-être et traitements respectueux ne soient plus des services qui se monnayent mais soient accessibles à tous". En somme "la dignité".

Attirée un temps par les études de psychologie, Alma avoue que la participation au concours a renforcé son attrait pour le droit. Aujourd'hui en balance avec la fac de Lettres. À côté du lycée, la jeune fille poursuit un projet auquel elle songe depuis longtemps : trouver une maison de retraite où faire du bénévolat.

Vous avez dix minutes? Alors, prenez-les pour écouter cette lycéenne. Elle vient de remporter le concours de plaidoirie organisé par le Mémorial de Caen. Elle a choisi pour thème le bout du bout de la vie, celui que nous redoutons tous, et elle l’a transcendé.

La gagnante, Alma Adilon-Lonardoni, mérite notre Wik id'Or du plaidoyer ! Un souffle exceptionnel, une patate d'enfer, une remarquable justesse dans les mots, de la percussion, Alma nous livre un plaidoyer de toute beauté que nous mettons en ligne avec immense plaisir. ça fait du bien.

Bravo !


"Ne sommes-nous plus humains quand nous vieillissons ?"


Il fait si bon vieillir... par MEMORIALCAEN

Source:  Notre-temps.com via WikiStrike

Merci Lolo

20 mai 2011

Déménager à 90 ans

La semaine dernière, 125 personnes âgées vivant dans une résidence privée de Montréal ont reçu un avis les informant que l'établissement allait fermer ses portes …

La direction de l'établissement les oblige ainsi à se trouver un nouvel endroit pour vivre dans un délai très court, et ce, malgré le bail signé pour une durée d'un an. Plusieurs aînés de la résidence ont besoin d'un logement adapté à leur santé défaillante, ce qui peut leur prendre un certain temps à trouver.

Quant à la firme propriétaire de la résidence, elle affirme que cette décision en est une d'affaires et que des pertes de 3 millions de dollars depuis trois ans l'obligent à prendre cette décision de dernier recours.

Quels sont les droits des personnes âgées qui occupent un logement dans une résidence privée? Peut-on les déloger à volonté, malgré les baux qu'elles ont signés? Qui les protège? Quels droits la Régie du logement leur garantit-elle?

Commentaire recueilli: Après la fermeture de Monaco pour pertes économiques, il ne faudra pas se surprendre que d'autres résidences du groupe subissent le même sort car le pli est maintenant donné. On ignore la personne agée au détriment du profit et de la mauvaise gestion. Comment expliquer le 47% d'occupation à Monaco alors que la majorité des résidences privées de la région fonctionnent avec liste d'attente?


Source Radio-Canada

21 avril 2011

La vieillesse vue par Philippe Noiret.

Il me semble
qu'ils fabriquent des escaliers plus durs
qu'autrefois. Les marches sont plus hautes, il y en a
davantage.

En tout cas, il est plus
difficile de monter deux marches à la fois.
Aujourd'hui, je ne peux en prendre qu'une seule.
A noter aussi les petits caractères d'imprimerie
qu'ils utilisent maintenant.

Les journaux s'éloignent
de plus en plus de moi quand je les lis: je dois loucher
pour y parvenir.

L'autre jour, il m'a
presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire
les chiffres inscrits sur les fentes à sous.

Il est ridicule de suggérer qu'une personne de mon
âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour
moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à
haute voix - ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours
les gens parlent si bas que je ne les entends pas très
bien.

Tout est plus éloigné.
La distance de ma maison à
la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je
n'avais jamais remarquée avant.

En outre, les trains partent plus tôt.
J'ai perdu l'habitude
de courir pour les attraper, étant donné qu'ils
démarrent un peu plus tôt quand j'arrive.

Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les
costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir,
surtout à la taille.

Leurs lacets de chaussures
aussi sont plus difficiles à atteindre.

Le temps même
change.

Il fait froid l'hiver,
les étés sont plus chauds.

Je voyagerais, si cela
n'était pas aussi loin.

La neige est plus lourde
quand j'essaie de la déblayer.

Les courants d'air sont
plus forts.
Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les
fenêtres aujourd'hui.
Les gens sont plus jeunes qu'ils n'étaient quand
j'avais leur âge.

Je suis allé récemment à une réunion d'anciens de
mon université, et j'ai été choqué de voir quels
bébés ils admettent comme étudiants.

Il faut reconnaître
qu'ils ont l'air plus poli que nous ne l'étions;
plusieurs d'entre eux m'ont appelé « monsieur »;
il y en a un qui s'est offert à m'aider
pour traverser la rue.

Phénomène parallèle :
les gens de mon âge sont plus vieux que moi.

Je me rends bien compte que ma génération approche de ce
que l'on est convenu d'appeler un certain âge, mais
est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent
en trébuchant dans un état de sénilité avancée?

Au bar de l'université,
ce soir-là, j'ai rencontré un camarade.

Il avait tellement changé
qu'il ne m'a pas reconnu ...


Merci, Francine!

18 août 2010

La fuite en avant

Une épidémie de gale a forcé la mise en quarantaine de deux centres d'hébergement pour personnes âgées de Saint-Jérôme, dans les Laurentides. Les cas ont principalement touché la résidence Villa Soleil.

Des résidents ont été traités comme l'avaient recommandé les autorités de l'Agence de santé et des services sociaux de la région. Les visites sont désormais interdites en raison des risques élevés de transmission du parasite. Certains employés ont affirmé avoir discuté du problème à la direction des centres, dès le mois d'avril dernier.

Non, il n’y a rien à signaler de ce côté-là au Centre où est maman. Par contre, cela ne l’empêche pas de ne plus savoir où elle en est rendue dans un espace aussi restreint que moins de quelques mètres. En tout cas, selon l’infirmière de ce soir, du poste à sa chambre, elle ne trouve plus sa chambre et ne reconnaît même plus l’ange que Lolo lui avait installé sur sa porte. Elle demande de l'aide aux infirmières pour qu'elles la conduisent à sa chambre. C'est pas peu dire.

Même chose de sa chambre à la salle à dîner. En fin d'après-midi, à peine à deux ou trois mètres de là, devant la porte ouverte, elle m’a demandé si c’était bien là qu’il fallait qu’elle entre pour aller manger.

Depuis un mois, c’est la débandade et la fuite en avant. Tout le monde s’entend là-dessus. Les infirmières, les bénévoles, les préposées, etc. Et bien sûr, à notre plus grand désarroi, ses propres enfants. C’est incroyable à quel point elle en perd. Et rapidement.

Maman s’éloigne de nous de plus en plus. La même infirmière me disait tantôt, qu’il n’y a pas très long d’ici à ce qu’elle ne se rende plus ou moins compte de ce qui l’entoure. Ce ne sera pas nous qui l’abandonnerons. C'est le contraire qui se produira. C'est elle qui nous abandonnera.

18 octobre 2009

Changement de saison pour maman

L’infirmière m’a rappelée tard hier soir et m’a parlé longuement. Les nouvelles de maman ne sont pas bien encourageantes pour l’avenir immédiat et à moyen terme. Selon l’infirmière, le comportement de maman se détériore graduellement depuis quelque temps.

D’abord, si vous avez remarqué sa peinture, c’est devenu presque compulsif. En plus d’en faire beaucoup, elle en fait partout (sur sa sacoche, ses cadres, etc), ce ne sera pas bien long qu’elle en fera même sur les murs ... Déjà, qu’elle colle directement n’importe quoi n’importe où.

L’infirmière croit que maman est en train de se renfermer peu à peu dans son monde. Elle n’est pas agressive (enfin pas encore), mais elle s’obstine avec le personnel à ne pas vouloir manger. Alors, on peut s’attendre à ce que sa santé physique se détériore aussi évidemment. C'est à souhaiter que le personnel ne perde pas patience trop souvent avec elle, car elle n'a pas fini d'être malheureuse, pauvre elle.

Enfin, ce ne sera pas bien long qu’elle ne pourra plus sortir toute seule, non seulement à cause de la saison, bien sûr, mais aussi parce qu’ils s’attendent à ce qu’elle devienne de plus en plus confuse et ne respecte plus les consignes. Alors, ils devront probablement lui remettre le bracelet.

J’imagine que vous vous attendiez pas mal à ce que tout cela arrive et que vous en appréhendiez le moment, mais se le faire confirmer présentement avec autant d’observations à l’appui, cela fait réfléchir. Le pire, c’est qu’elle est encore assez consciente de ce qu’il lui arrive, et qu’elle ne veut surtout pas devenir comme d'autres autour d'elle. Ouf! Ouf!

Bon, je ne veux pas trop vous déprimer, mais veux veux pas, il faut bien faire face à la réalité. Maman aura encore de belles journées. Ce matin, entre autre, elle se sent beaucoup mieux. Elle n'a plus mal à la tête et sa voix est meilleure. En tout cas, elle me semble ne plus être aussi confuse qu'hier.

Mais je sens que nous allons devoir adopter une nouvelle devise : «Un jour à la fois ... » À moins que, vous trouviez mieux!

Bisous,
D, xxx

Extrait des Belles-Soeurs

27 avril 2009

La beauté des choses

Qu’en pensait donc Victor Hugo? Charles Beaudelaire? Arthur Rimbault! Et puis, Antoine de Saint-Exupéry ? Bien que ce dernier ait captivé l’imaginaire de nos enfances et de nos adolescences en prétendant … «qu’il s’agisse de la maison, des étoiles ou du désert, ce qui fait leur beauté est invisible», quelqu’un de moins connu oserait dire que c’est tout simplement la capacité de la voir, quelle qu’en soit la forme. La capacité de la voir, avez-vous dit?

Eh bien! il fallait entendre maman s'extasier devant l'arbre planté là, au Parc Riverain, en bordure de la rivière des Mille-Iles, à Bois-des-Filion, l'autre jour. «Comme c'est beau, n'arrêtait-elle pas de dire. Si j'avais un crayon et mon papier, j'en ferai un dessin

Ce n'était pas la première fois qu'elle s'arrêtait comme ça, pour contempler les beautés de la nature. Un peu comme si cela allait lui manquer, tôt ou tard ...

Mais, ce que je n'arrive pas à comprendre malgré toute ma bonne volonté, c'est comment peut-elle encore voir et s'émerveiller devant la beauté des choses autour d'elle, alors qu'elle ne nous reconnaît à peine presque plus, nous autres ...?

À suivre ...

15 décembre 2008

Nos beaux sapins

Comme vous le savez, malgré sa vue qui s’embrouille de semaine en semaine, voire de mois en mois, maman s’est découverte un nouveau passe-temps. Elle fait des aquarelles. C’est ce qui la motive et la tient en vie.

Lorsqu’elle s’occupe ainsi, son esprit vagabonde. Elle oublie son âge et les petits et gros problèmes de santé qui viennent avec. Elle évite de se convaincre qu’elle est nulle et inutile. D'ailleurs, de voir quelques-unes de ses aquarelles exposées, ici et là, à son Centre, prouvent le contraire. Enfin, qu’elle n’a rien réussi dans la vie (donner naissance à six enfants dont cinq de vivants, c’est quand même pas rien …!) ou que la vie n’a plus rien à lui offrir.

Allons donc!

Ces derniers temps, les études ne sont guère valorisantes ni encourageantes pour les Québécois. Il n’y a pas qu’en connaissances politiques (voir mes autres blogues ...!) qu’ils sont les premiers ou les derniers, c’est selon si l'échelle est à l'endroit ou à l'envers. Dans le cas qui m'occupe, ce matin, le Québec se situe toujours au premier rang de mortalité par suicide au Canada. Sur le plan mondial, en 2002, les hommes se situaient au 18è rang et les femmes au 15è rang sur 21 pays participant à cet exercice.

Or, dans une étude sur le suicide chez les personnes âgées du Québec, le professeur Michel Préville, de la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, nous dévoile que depuis 30 ans les personnes âgées sont plus nombreuses à mettre fin à leurs jours.

Entre 1977 et 1999, il constate une augmentation de 85% et, si la tendance se maintient, cette progression atteindre 248% en 2043 … Maman n’y sera plus depuis longtemps et moi-même, j’aurai exactement 100 ans ... Mais sans chercher à faire de vague et, encore moins de blague, il faut admettre que, dans 40 ans, les personnes âgées seront deux fois plus nombreuses que maintenant. Méchant problème à l’horizon, n’est-ce-pas?

Dieu soit loué! Maman ne fait pas partie de la même génération que la nôtre! Celle des pré-baby-boomers et des autres, déjà dans la mire des chercheurs, sera de par sa façon de vivre plus vulnérable face au suicide. À l'instar du professeur Préville, on peut dire sans se tromper, en parlant des baby-boomers: «Qu'ils sont moins tolérants face aux frustrations touchant leur qualité de vie et ne possèdent souvent plus la protection de la religion qui freinerait leur geste».

Qu’on ne se le cache pas, le sujet fait jaser (comprendre : réfléchir) beaucoup depuis la semaine dernière. N’est-ce-pas ce qu’on a fait, Lora et moi, en ce beau dimanche matin, à l’heure du petit déjeuner, en évoquant froidement entre deux tasses de café chaud, l’acquittement (logique) de Stéphan Dufour pour une triste cause portant sur le suicide assisté. Assisterons-nous, le cas échéant, à de plus en plus de sollicitations ou demandes dans un futur proche, comme celle qui a été faite à ce jeune homme qu’on dit mentalement limité …?

Enfin, pour en revenir à maman, voici des exemples de sapins de Noël qu’elle pourra colorier, lorsque qu’elle décidera de s’y mettre les longs soirs d’hiver qu’elle ne trouvera rien d’autre à faire … avec les beaux marqueurs de couleurs, que je compte lui offrir pour Noël.


JOYEUX NOËL, MAMAN!

Le suicide chez les personnes aînées

21 novembre 2008

Du bazar aux beaux-arts

Peut-on imaginer une vieille dame se découvrir un intérêt évident pour les arts …? «Si j’avais su avant … » me disait-elle, hier. Qui sait? Elle aurait peut-être cherché à développer davantage ses aptitudes.

Laissons faire les détails? Pas tant que ça! D’où vient le fait que maman, à demi-aveugle, soit pourtant capable de faire la distinction entre un sou noir et une gomme à mâcher à ses pieds, sur un trottoir …? Je l’ignore.

Mais là, même à 87 ans, bientôt 88 , il n’est pas trop tard pour passer des heures à découper, colorier, peindre et coller toutes sortes de petites bricoles pour d'éventuels bazars. L’important, c’est la couleur qu’elle met dans sa vie qui compte.

«Si vous êtes âgé de 34 à 60 ans, vous avez une chance sur deux d'avoir à vous occuper un jour d'un parent en perte d'autonomie. Comment ne pas y laisser votre peau?» Quand mon amie Sunny Blue a pensé à moi, il y a quelque temps sur son blogue, oui, c’est vrai que dans mon cas, j’ai passé des temps difficiles avec maman. Ses longs séjours à l’hôpital, le printemps dernier, et l’autre avant, il y a plus de deux ans, (d’ailleurs, on ne finit plus de parler d’elle sur ce blogue-ci depuis …) m’ont quasiment menée jusqu’au burn out.

Notre visite au Musée des Beaux-Arts, hier, organisée par le Service des Loisirs de son centre d’accueil m’a permis de croire que, malgré son grand âge, son énergie extrêmement diminuée et sa mémoire qui fuit, il est encore possible pour elle de garder en vie une toute petite flamme. Lui donner un nom ne relève pas de mes compétences.

Mais, je peux toutefois confirmer ceci, à savoir qu’elle est encore étonnamment capable de s’émerveiller devant la beauté des choses. Aussi bien devant une grande œuvre d’art, d’un peintre célèbre, dans un grand musée, que devant une petite brimbale de pacotille, au Dollarama … Étrange, non?

Laissons faire les détails! L’important, c’est la couleur qu’elle met dans sa vie qui compte!

13 novembre 2008

La vie est Bell

Maman a été transférée de chambre, lundi le 3 novembre dernier. Du même coup, il a fallu faire rebrancher son téléphone dans sa nouvelle chambre. Or, samedi dernier, j’adressais ce message à ma sœur Lolo, ainsi qu’à ma belle-sœur, Francine.

Chapitre 1...

Comme vous savez, hier, j'ai passé près d'une demi-journée avec au moins une demi-douzaine de représentants de Bell Canada, la plupart des Créoliens dont l'accent était si accentué et difficile à comprendre, qu'il m’a fallu leur demander de répéter souvent.

Inutile de vous dire, à quel point, je suis honteuse de laisser paraître un préjugé à tendance aussi raciste, à l'égard de mes semblables. Mais, difficile d’être calme et sereine quand une situation aussi cacophonique, surréaliste, voire kafkaïenne vous met «en transe» ... !

Difficile surtout d'échapper à cette faiblesse humaine, lorsqu'on fait affaire avec une compagnie aussi détestable, autrefois si arrogante et si méprisante, qu'elle n'a pas encore fini de digérer tout le tort (et l’humiliation) d'avoir perdu le monopole que la concurrence lui a ravi depuis.

Pour en revenir à ma longue marche dans l'enfer de Bell, incroyable, mais vrai! Le pire, c'est qu'à force de changer et de passer de l'un à l'autre, pendant des heures, à répéter à chacun (e) le même baratin au sujet de mon appel (ex: je-suis-la-fille-de-ma-mère-qui- a-été-transférée-de-chambre-à-son-centre-d'accueil, etc, etc, etc), j'en suis venue à vouloir me transformer en terroriste ou en kamikaze … Question de faire sauter leur siège social, peu importe où qu'il se trouve, à Laval, Montréal, Port-au-Prince ou Tombouctou. C'est pas peu dire. Ce que je peux avoir honte de moi, Seigneur!

Chapitre 2 ...

Mais, ce que vous ne savez pas, c'est que j'ai eu autant de misère avec Bell, lorsque maman est arrivée à son Centre d’accueil, en juin dernier. J'ai passé les mois de juillet, août et septembre à parlementer avec leur(e)s représentant(e)s, afin de régler un problème de facturation suite à son déménagement.

Alors que je croyais finalement en avoir terminé une fois pour toutes en octobre dernier, voilà qu'hier après-midi, je reçois un appel d'une employée d'une agence de recouvrement, qui m'annonce de la compagnie Bell a fait affaire avec eux afin de recouvrir la somme de 103.99$ qu'ils prétendent que je n'ai pas ENCORE payée.

Os …. ! J'ai payé, dépayé, repayé pendant trois mois, et la Caisse Pop en a fait autant, tab …! Toujours est-il que, j'ai dû courir chez Jean Coutu avec en mains, tous les comptes de Bell depuis le mois de juillet dernier pour faxer au plus sacrant le dossier au complet: en tout huit (8) pages ...! Ça m'a coûté 5.00$.

Coudonc! Avec qui pensez-vous qu'on fait affaire, chez Bell ... ? Des abrutis, des débiles, des minus, ou quoi? Si ça continue, quant à moi, vous allez être obligés de m'enfermer à L-Hippolythe-Lafontaine, avant les Fêtes ... !

Chapitre 3 ...

J'en arrive à vous dire ceci: maman n'a pas encore le téléphone, et cela depuis mercredi, le 5 novembre ... ! D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle, j'ai vécu la journée d'hier.

Alors, il semble qu'il faut qu'un technicien se présente au Centre durant les heures où il y a quelqu'un pour lui ouvrir la porte de l'endroit, où seraient toutes les connexions téléphoniques du centre. Et ça n'a pas été encore fait. Cela sera fait entre 8 h et midi, lundi.

Or, comme je ne serai pas chez-moi jusqu'à mardi (je m'en vais à Lachine, puis à Trois-Rivières jusqu'à mardi), j'ai laissé le numéro de téléphone de R. et Francine, au cas où on aurait besoin de rejoindre quelqu'un de la famille à ce sujet-là.

Bon. Je vous laisse là-dessus. Moi, j'ai mal au coeur.